Et si l’ornementation marocaine traditionnelle nous apprenait à aimer ?
L’art de la ḥasba nous enseigne que l’amour, comme la beauté, naît de l’équilibre, de la fidélité et de la liberté.

Dans l’ornementation marocaine traditionnelle, rien n’est laissé au hasard. Chaque décor repose sur la « ḥasba », cet art ancestral qui unit la rigueur des mathématiques à la sensibilité du geste. La ḥasba est la loi silencieuse : elle garantit l’équilibre, la continuité, la cohérence. Elle nous enseigne que la beauté ne naît pas du chaos, mais d’un ordre intérieur.
Au cœur de cette harmonie court le « qtīb », ce fil qui traverse le motif sans jamais se rompre. Il relie chaque élément, guide le regard, et nous rappelle que tout lien véritable repose sur la continuité, la loyauté, la constance. Un qtīb brisé, c’est un motif blessé, comme une amitié trahie ou négligée. Mais pour que ce fil vive, il doit être protégé et laissé respirer. C’est là qu’interviennent le « zannār » et le « zqāq ».
Le zannār encercle la composition, rassemble, maintient. Il joue le rôle de base, de cadre, d’engagement. Dans la vie, il ressemble à ces principes et promesses qui nous aident à rester droits, cohérents, présents pour les autres.
Le zqāq, plus fin et plus discret, crée un espace de respiration autour du motif. Il empêche l’étouffement, protège le cœur du dessin en lui laissant de l’air. Dans nos relations, nous avons besoin de ce souffle : la liberté d’être soi, sans se sentir enfermé ou envahi. Plus j’y pense, plus je vois dans la ḥasba un miroir de nos vies : le qtīb nous enseigne la fidélité dans le temps, le zannār rappelle la force d’un cadre sain, le zqāq montre que l’amour et l’amitié ont besoin d’air, et la ḥasba nous guide vers l’équilibre.
Ce texte est dédié à notre ami Jamal Eddine Benatia.
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